Au beau Logis de Loches

(0920/2000)

Contexte de ce 920e numéro de "ma" Demoiselle de Chartres : ceci n’est qu’un petit épisode de transition entre deux hauts-lieux de la présence des Valois au XVIe siècle, en l’absence de Diane de Poitiers, Marie Stuart y trouvera la place pour fêter la première des favorites royales en titre : Agnès Sorel, non sans en avoir dit deux mots à son beau-père avant et en utilisant quelques-uns des charmes de sa favorite : Mademoiselle de Chartres, la plus jolie blonde aux yeux bleus de la Cour des Valois.

Ça amusera Mademoiselle de Chartres, un peu moins la Médicis…

Un contexte toujours pas agréé comme les 1999 autres par Madame de Lafayette, et on le comprend un peu ! (NDLR)

Atelier de Jean Fouquet

AU BEAU LOGIS DE LOCHES

Avait-il mérité cette volée de cloches,
Entre grands lieux valois, le passage en clin d’œil
Du splendide équipage en tant que bel accueil
Pour forces y reprendre au beau logis de Loches ?

Accompagnaient le Roi : Monsieur de Saint-André,
La Reine Médicis, François et sa Dauphine,
Enfin la favorite à Mary la coquine
Celle-ci rêvant de celle-là échancrer.

Deux semaines durant comme deux jeunes folles
De coudre on les vit tant, elles en savaient l’art
Pour bâtir une robe au gré de la Stuart
De par-devant¹ ouverte aux chaudes aréoles.

Et puis dans ce relais se passa le souper
Où l’ardant vêtement fut porté par la Chartres
Qui fit sensation, blanche allure de martre,
La dernière en entrant pour sa place occuper.

Par sa bru, du complot mis dans la confidence
Henri II se leva et baisa les deux mains
À une Agnès Sorel² qui eût fait le chemin
Du tableau³ sur le mur jusqu’à la révérence.

Quasi en Charles VII, le souverain avait
Rendu hommage à celle, en cette résidence,
Qui par quelque beauté donna jadis naissance
À une lignée neuve en ce royaume, Ave !

Pour polir les bijoux de la sainte couronne
Le titre de Maîtresse alors s’inventera,
Son corollaire aussi de putain d’apparat
Pour coiffer à tout vent ce genre de personne.

Beaucoup au tour de table en cette soirée-là
Jurèrent d’avoir vu le plus joli des globes,
Nu ! Plus tard dans la nuit ainsi le vivra l’orbe
D’un futur œil royal en tenue de gala.

Dans le lit du régnant, l’encornée Catherine
Vite après son coucher pour Louis XI⁴ eut comme un
Bonheur de désirer par le temps en commun :
La catin dans ses fers⁵ croupir dans son urine.

Imagine fillette aux blonds et si ronds seins
En quel état tu mis le donjon noir de Foulques⁶,
Les anges d’un gisant⁷ te glissant en felouque
Sur le Nil ou sur l’Indre au son d’un clavecin.

1— Agnès Sorel n'hésita pas à choquer la Cour en mettant en avant ses avantages dans des robes « aux ouvertures "de par-devant" par lesquelles on voit les tétons » (d'après le chancelier Jean Jouvenel).
2— Au xve siècle, Agnès Sorel, favorite de Charles VII, habite souvent dans les châteaux aménagés de Loches et de Beaulieu de 1444 à 1449.
3— Le portrait représente Agnès Sorel, le sein découvert en Vierge à l'enfant. Il est l'œuvre de l'atelier de Jean Fouquet.
4— Le fils de Charles VII qui lui succédera en tant que Louis XI détestait cette Dame de Beauté qui ridiculisait comme Maîtresse ostentatoire et omniprésente sa mère, la reine Marie d’Anjou. Il faillit même embrocher la favorite ce qui lui valut un très long exil voulu par son père, le Roi.
5— Les fillettes sont les fers et chaînes munies d'une lourde masse de fer à leur extrémité et fixées à des anneaux enserrant les chevilles avec lesquels Louis XI faisait enchaîner ses prisonniers, particulièrement au Donjon de Loches.
6— Foulques, dit Foulques Nerra (« le Noir »), en raison de son teint sombre, né vers 965/970 et mort à Metz le 21 juin 1040, fut comte d'Anjou de 987 à 1040. Il a marqué l'histoire de son temps par sa violence et les actions entreprises pour se racheter de ses crimes.
7— Au cœur de la Cité Royale de la commune de Loches, entre le Logis Royal de Loches et le Donjon carré est la Collégiale Saint-Ours où se trouve le gisant de la (principale) Maîtresse de Charles VII.

Comme souvent, beaucoup de ces items proviennent quasi extenso de Wikipédia, base de connaissance  que  je remercie une nouvelle fois.

Ancienne affiche de la Cité Royale de Loches