Ma Pénélope

Publié le par Jean Pierre Mazille

Il est des histoires d’amour dont on ne se rappelle plus les prémices de nombreuses décennies après, ce fut le cas de la mienne avec Pénélope où vers mes quatorze ou quinze ans, j'abîmais 3 alexandrins sur 4 du fameux quatrain suivant :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

ainsi :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Et comme Pénélope à  la blonde toison,
Qui l'a vu repartir la laissant à raison,
Vivre entre ses amants le reste de leur âge !

(puis plus tard pour encourager un futur thésard :

AVEC LES FÉLICITATIONS DE JOACHIM DU BELLAY

Heureux qui (part en thèse) et fait un beau voyage
Où après soutenance il conquiert la toison,
Et puis qui s’en retourne au tableau à raison
Partager à la fac en partie son bagage.

Oui Joachim, sans regrets !)

J’ignore si DU BELLAY depuis m’a pardonné comme j’ignore toujours si à l’époque j’étais en train de tomber en amour avec Pénélope après avoir lu l’ODYSSÉE dans une traduction de Victor BÉRARD certainement, ou à la suite d'un travail de traduction un peu moins médiocre que d'habitude de ma part sur quelques lignes helléniques qui m’intéressèrent  vraiment, qui sait ?

Très vite, je compris qu'avec la Pénélope homérique engoncée pendant 20 ans dans une fidélité qu’on nous fit croire par respect pour un époux qui lui s’envoyait en l’air à qui femme mieux mieux  loin d’elle, ce respect pour des normes qui existaient encore lors de mon adolescence ne serait vraiment jamais ma tasse de thé.

Pendant mon adolescence et quelques années plus tard aussi, sur les rayons de la bibliothèque municipale de ma ville ou sur ceux de ses meilleures librairies, j'y trouvais seulement quelques  traces homéopathiques d'une alternative fort ténue à cette Pénélope odysséenne par trop formatée à mon goût. Grâce à l'utilisation massive d'internet entre autres, cet autre corpus tant désiré forcément s'est depuis largement  remplumé, mais je partais de si bas , pourtant je trouve toujours bien peu de cette autre Pénélope aujourd’hui tant l’Odyssée continue à régner en maître sur mon personnage adoré, mais de quel droit pourrait-on le reprocher à ce chef-d’œuvre insurpassable de l’humanité ?

Aujourd’hui, j’avoue porter des yeux de Chimène sur le formidable ouvrage de Marie-Madeleine MACTOUX : PÉNÉLOPE, édité par LES BELLES LETTRES en 1975 et sur la délicieuse et iconoclaste PÉNÉLOPE cette fois chantée par Ricet BARRIER vers 1978 sur son CD MYTHOLOGIE, sur ces deux supports une Pénélope tout autre et surtout comme je l’aime tant, tente de sortir de sa gangue homérique, et il en est quelques autres encore qui font mon bonheur.

 

 

Ma Pénélope

À l'adresse ci-dessous, un vrai bonheur, on peut le télécharger in extenso, en PDF en particulier, sauf quelques illustrations, et encore tellement peu …

Ma Pénélope

J’ai cru lire ces derniers temps qu’une auteure aux USA allait réécrire une nouvelle ODYSSÉE entièrement contée du côté de Pénélope cette fois, wait and see !

(...) on avait fini par donner à l’héroïne, chez Homère, un visage qui n’était pas le sien. Sans les élégiaques latins, le personnage de l’ODYSSÉE ne serait pas devenu cette femme fidèle à la conduite proverbiale.

Marie-Madeleine MACTOUX

 

Avec le recul, ça justifierait presque à mes yeux si peu objectifs, mes 1001 délires en vers de mirliton, écrits trop vite et sans beaucoup de relecture, et surtout sans la moindre trace de talent associé. Ça constitue donc dans mes archives et dès la fin de mes vingt ans, en estimant en moyenne 5 quatrains par machin, au bas mot facilement 20000 lignes indigestes au moins, une paille ! 

Je vous infligerai la lecture éventuelle d’à peine une vingtaine de mes délires, certes c’est déjà beaucoup, c’est déjà certainement trop.

Sans trop déflorer la Pénélope que j’aime, qu’Hermès et tant d’autres visitèrent, disons que je la vois au moins aussi belle que sa cousine Hélène. Sur ces deux blondes, le temps n’aura guère d'effet, beaucoup moins que l’eau sur la reine d’Ithaque, une eau qu’elle a aimée peut-être plus que tout et dans laquelle elle désira y vivre de longues heures chaque jour sous mon regard en se rappelant ses premiers jours de bel oiseau.

On sait que la coutume en Grèce veut qu’on plante un cyprès à la naissance d’une fille, ce sera le mât du bateau de son futur mari. Hélène et Pénélope nées à peu près en même temps, lors de cette plantation un vent malin fit tomber une autre graine de cyprès  proche du petit conifère qui fut planté pour la première, le même vent encore plus coquin en fit tomber une dizaine cette fois auprès du bébé arbre de la seconde. Ce n’est que quelques années plus tard que les pères qui se croyaient tels prirent conscience de l’étendue des dégâts, pour ne pas choquer les dieux, il ne fallait rien faire, ils ne firent rien. Plus tard, ils n'osèrent avouer ce "sort implacable" aux époux choisis pour leurs filles, mais on connaît la suite ou pas pour Pénélope …

Publié dans MA PÉNÉLOPE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :