Rencontres avec du Prince de Sang (3/7)

Publié le par Jean Pierre Mazille

(0328/2000)

Rapière

Rapière

Milo Manara

Milo Manara

RENCONTRE AVEC DU PRINCE DE SANG 3/7
( JOUR-2-JEUX DE RAPIÈRE)

Pour la collation, sage tu redevins ;
On adulait tes dons fous de métamorphose :
Savante à la voix d’or, écuyère au cul rose.
Qu’allais-tu leur montrer au moins aussi divin ?

L’à-côté¹ réchauffait ses meilleures idées ;
Tu leur avais promis l’après-midi d’enfer
En croisant justement des rapières², le fer,
Suivrait une surprise un peu (« Chut ! ») dénudée.

En train de s’échauffer, dehors juillet bouillait,
La pierre des hauts murs étouffait leur vacarme
Et tempérait à point l’air de la salle d’armes
Où naguère on refit leur flamberge briller³.

Ils avaient spéculé sur leurs très grands mérites
Futurs d’être bientôt pour votre souverain
Drus en fers de lance — incontournable airain —
Qu’assistât leur Beauté à quelque guerrier rite.

Ils n’avaient point prévu « Hé ! » que l’on s’invitât
En pourpoint et rapière à leurs multiples joutes.
Ils pensaient que leur Art allait mettre en déroute
Un bébé dent de lait. « Que ne crurent-ils pas ? »

Avec toi s’avançait ton bon vieux maître d’armes4
Qui toujours combattit près des François Henri,
Sans cesse enceint d’honneurs de leurs guerres nourris,
Ç’aurait encor tiré là de respect, des larmes.

Vous décidâtes tous en combat singulier
De vous affronter six lors de quinze tournantes
Jusqu’à sur le plastron la mouchetée tourmente5
Sans dépasser le temps coulé du sablier.

« Lors du premier duel, quelle bévue mortelle
En me sous-estimant, vous commîtes François ! »
Dès le début d’assaut, son fier quant-à-soi
Se troua, étonné par ta pointe hirondelle.

Les autres face-à-face mirent le feu aux sangs
Sans en verser aucun par la vieille entremise
D’un soldat respecté qui voulait là soumise
Son escrime adorée à des jeux non blessants.

Ce contrat fut rempli hors les cinq amours propres
Que tu sus bien blesser, et ce étrangement :
Fiole6 à la moitié de son ensablement,
Par d’imparables bottes dont aucune malpropre.

Tous effarés, ils t’observaient retravailler
Avec ton professeur quelques moments techniques
À ton sens ou le sien qui demandaient critique,
Ça ne fit qu’un peu plus leur esprit embrouiller.

Quatre avaient cependant leurs plus secrètes bottes
Tentées de te porter, de rougeâtres sueurs
Ces touches eurent peint tant d’illustres bretteurs,
Mais glissèrent sur toi ainsi que des culottes.

Ce matin, tu les mis tout sens dessus dessous,
Tu en portais ce soir, il ne fut pas facile
D’expliquer leur défaite et même d’une pile !
« Dans mon silence, vos exploits seront dissous. »

1— Le pendant de "l’en bas" de ce matin, mais maintenant on déjeune au rez-de-chaussée où ont continue à travailler et réfléchir pour le roi, Monsieur de Chartres et le Duc de Montpensier toujours et encore, d’où "l’à-côté".
2— Épée à lame fine et longue.
3— Hier, dans de chauds baquets, presque dès leur arrivée, ils y furent lavés.
4— On a déjà rencontré son vieux maître d’armes, par ailleurs, en charge du domaine lorsque Monsieur de Chartres est absent, donc souvent.
5— La touche par la pointe de l’arme munie d’une mouche (bouton) l’a rendant inoffensive pour protéger l’adversaire.
6— Les sabliers marins se composaient initialement de deux fioles en verre, l'une inversée au-dessus de l'autre, connectées par un petit tube, qui reliait leurs extrémités, enveloppées d'une maille de fil en forme de nœud, plus tard, les progrès dans l'art du verre soufflé leur ont permis d'être fabriqués en une seule pièce.

Milo Manara

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