À Blois où l’âme de Charles d’Orléans versifiera toujours

Publié le par Jean Pierre Mazille

(0867/2000)

Contexte de ce 867e numéro de "ma" Demoiselle de Chartres : la plus jolie blonde aux yeux bleus de la Cour des Valois tout juste la Loire remontée au château de Blois après avoir accompagné la reine et la dauphine récupérer au château d’Amboise les futurs Charles IX et Henri III se retrouve dans le bel antre de Charles d’Orléans, l’un de nos plus grands poètes s’il en est et qui va y être célébré comme tel.

Elle va tant se donner à cet hommage avec son amie Marie Stuart, en chantant et jouant des luths et clavecins pour faire revivre les œuvres immortelles de ce prince de la poésie, que leurs interprétations feront oublier tout le reste au majestueux parterre. Le roi et Diane de Poitiers n'y seront pas présents (comme à Amboise), car invités ailleurs pour quelque musique de chambre.

Un contexte toujours pas agréé comme les 1999 autres par Madame de Lafayette, et on le comprend un peu ! (NDLR)

À Blois où l’âme de Charles d’Orléans versifiera toujours
À Blois où l’âme de Charles d’Orléans versifiera toujours

À BLOIS OÙ L'ÂME DE CHARLES D'ORLÉANS¹ VERSIFIERA TOUJOURS

Chaque pierre désire au modèle² de Chartres
Faire savoir qu’en Blois il a château conquis ;
Dans sa tour octogone, un escalier acquis
Lui parle d’Italie, le pense tout en marbre.

La reine Médicis, sa jolie bru, François³
Cessent le pas montant dès le premier étage4,
On va trouver là-haut presque tout un village
Dans les appartements de la femme du roi.

L’aile du grand François déploie ses épithètes,
La famille royale et sa crème de Cour
Vont honorer son cœur aux merveilleux atours,
Manque le roi Henri pris par quelque levrette.

Elle a tenu ta main la Marguerite5 enfant
Pour tourner dans la vis qu’on dit belle de France,
La corniche au-dessus se croyant à Florence
Voulait seule parler à ton corps triomphant.

Et puis la nuit venue closit la longue attente,
Dans la galerie reine à l'aune d’océans
La soirée consacrée à Charles d’Orléans
Enlumina le lieu d'heures bleues qui enchantent.

Vous sûtes toutes deux toi et Marie Stuart
Avec luths, clavecins grâce à vos deux voix d’ange
Livrer l'écrit joli à des hauteurs étranges
Du tisseur de lys là qui acheva son art.

Il ne fut jamais roi, il le fut des poètes ;
En pleine lune ses ballades et rondeaux
À ces tympans royaux parurent des cadeaux,
On ne trouva jamais meilleures interprètes.

Et lorsque vint — Le temps a laissé son manteau6
On crut voir se pencher sur la beauté de celle
Qui le chantait divine aux embrumées prunelles
Deux êtres d'un passé pour l'un qui fut plus tôt.

Tous les Valois présents la sensation eurent
De l'apparition de l'inspiré parent,
L'accompagnait ton père à qui presque en pleurant
Ta voix douce enchantait son adorée figure.

Longtemps entre les murs de ce château de Blois
Les vers d'un grand poète aux temps de rouge lune
Par les chants ravissants de sirènes nocturnes
Magiques flotteront aussi beaux qu'autrefois.

1– Fin 1448, retiré à Blois, Charles d'Orléans s'y consacre à la littérature, ouvre un cercle académique qui devient le rendez-vous de tous les beaux esprits et de Villon entre autres, mais pour un très court séjour. Il meurt en janvier 1465 âgé de 70 ans.
Il est inhumé en l'église du Saint-Sauveur à Blois. Le 21 février 1505, ses restes sont transférés au couvent des Célestins de Paris (avec ceux de sa famille) par son fils, le roi Louis XII.
2– La beauté à très haut niveau de la future Princesse de Clèves.
3– Le dauphin fils de Catherine et époux de Marie Stuart, futur François II éphémère.
4– Dans l'aile François 1er, les appartements de la reine occupent le premier étage.
5– Marguerite de Valois née le 14 mai 1553 et qu'on surnommera la reine Margot à partir du XIX° siècle,  a dans les cinq ans et demi ici.
6– Ce rondeau était le poème préféré de M. de Chartres surtout quand sa fille, la future Princesse de Clèves, lui récitait ou mieux lui chantait comme on l'a vu dans un bien ancien épisode.

"Jeu musical dans la galerie de la reine", photo sur l'Instagram du château

"Jeu musical dans la galerie de la reine", photo sur l'Instagram du château

À Blois où l’âme de Charles d’Orléans versifiera toujours

Partition de Debussy sur "Le temps a laissé son manteau"

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